« Il est impossible d’espérer développer la santé numérique sans qu’un modèle économique clairement défini n’existe »
La crise sanitaire a mis en lumière les fragilités de notre système de soins.
Les enjeux du nombre de médecins ou d’infirmiers dans certains territoires ou spécialités, le nombre de lits et les moyens du système de santé étaient connus, ils sont devenus incontournables. En affrontant la pandémie, notre système de soins s’est aussi confronté à de nouvelles problématiques : le besoin de faire remonter des statistiques sur les tests, de connaître la disponibilité en temps réel des lits de réanimation, de suivre à distance certaines pathologies, d’organiser en urgence une vaccination massive et ciblée…
Des nouveaux besoins à traiter qui nécessitent de nouveaux outils. Cette pression sur le système de soins français ne va pas diminuer, notre démographie l’explique : le nombre de malades chroniques était de plus de 10 millions en 2017. En 2030, il atteindra 15 millions et le nombre de personnes de plus de 75 ans aura augmenté de 30 %.
Notre modèle de soins est en tension permanente et chaque année, l’épidémie de grippe ou de bronchiolite entraîne une crise hospitalière. Cette situation ne disparaîtra pas après la crise. Les moyens alloués au système de soins apparaissent insuffisants face à l’accroissement permanent des attentes et des besoins.
Au-delà des moyens, nous avons des problèmes d’efficience systémiques importants, qui n’ont, à ce jour, pas été traités par le progrès technologique, contrairement à d’autres activités comme les services financiers ou de mobilité.
Pour dépasser les difficultés liées à la pandémie, deux leviers se sont montrés très efficaces. D’une part, l’engagement puissant des équipes soignantes et de l’ensemble des acteurs hospitaliers. D’autre part, ce qui était technologiquement infaisable il y a quelques mois est devenu la règle en quelques semaines (recours à des services numériques de coordination, téléconsultation).
Notre système de soins ne peut continuer à demander l’impossible aux soignants. Seule une accélération très puissante de sa transition digitale lui permettra de progresser.
Le numérique est donc le seul moyen de préserver notre système de santé. Il permettra sa transformation profonde et l’amélioration de la qualité des soins.